Entre nous, le changement climatique est un des sujets les plus potentiellement ennuyeux et antiromanesques qui soient. Ian McEwan a pourtant réussi à en faire l'argument central d'une comédie extrêmement drôle et incisive. Solaire est très différent de ses romans habituels, plutôt denses et sombres, mais ça n'a pas gêné les lecteurs puisque, deux semaines après sa sortie, plus de 35 000 exemplaires ont déjà été vendus. En fait, McEwan marche très bien en France depuis Expiation (2003). Sur la plage de Chesil (2008) a frôlé les 100 000 exemplaires.
Quand l'histoire commence, Michael Beard s'ennuie à cent sous de l'heure dans le centre de recherche sur le réchauffement qu'il a accepté de diriger, entre quelques conférences, présidences de comités et autres activités pseudo-scientifiques qui sont le lot des Nobel après le prix. Quinze ans après avoir obtenu la récompense suprême, l'auteur de la célèbre colligation Beard-Einstein ne peut que constater que sa vie professionnelle est au point mort et son cinquième mariage en voie de désintégration rapide. Par ailleurs, ce n'est pas vraiment le garçon sympathique : glouton, moche, égoïste, menteur, il est aussi infidèle à toutes ses femmes. Quant au changement climatique, il n'est pas du genre à se laisser impressionner par les «commentaires délirants selon lesquels le monde serait en péril». Sécheresses, inondations, famines, «ces échos des fléaux de l'Ancien Testament… illustraient une prof