L'Autre Face de la lune et l'Anthropologie face aux problèmes du monde moderne sont deux livres composés de textes inédits de l'anthropologue Claude Lévi-Strauss. Ces textes courts, qui ont en commun de parler du Japon et ont été écrits entre 1979 et 2001, n'ont rien d'incontournable : on ne découvre rien qui révolutionne ou même développe la pensée de Lévi-Strauss, mais on y trouve quelques intuitions sur la culture japonaise, séduisantes et même saisissantes pour un lecteur français, même si on se dit qu'elles ont peut-être laissé les Japonais un peu songeurs.
Estampe. Comment parler d'une autre culture ? «Pour qui n'y est pas né, n'y a pas grandi, n'y a pas été éduqué et instruit, un résidu où se trouve l'essence la plus intime de la culture restera toujours inaccessible», dit Lévi-Strauss. Drôle de remarque de la part de l'inventeur de l'anthropologie structurale, d'autant plus qu'il a une relation très particulière avec le Japon. Sa première émotion esthétique, nous apprend-il, il l'a éprouvée à cinq ans, face à une estampe d'Hiroshige offerte par son père. A partir de là, «toute mon enfance et une partie de mon adolescence se déroulèrent autant, sinon plus, au Japon qu'en France, par le cœur et la pensée».
Dans les deux livres, il est beaucoup question d'art. L'auteur relève l'originalité absolue de la poterie Jômon : une «composition souvent asymétrique, des formes exubérantes font penser à un "art nouveau"