C'est en barbotant dans l'eau tiède du golfe de Gênes, où son avion était en train de couler après s'y être crashé, qu'Isabelle Sorente s'est dit in petto, nous la citons : «La vie est courte, continuer d'y rechercher de nouvelles formes d'intensité pourrait l'abréger davantage.» C'était il y a quinze ans. Avec trois de ses camarades de l'Ecole nationale de l'aviation civile, elle était en balade estivale dans un petit monomoteur. Au décollage à Gênes, une rafale de vent a déstabilisé le Robin DR-400 et Isabelle, aux commandes, n'a pas pu faire grand-chose. Sa trajectoire s'est alors incurvée au point de venir la déposer ici, dans ce petit studio de la rue Jacob à Paris, où nous la rencontrons et qu'elle n'occupe que pour y travailler. Elle y tisse avec une «joie ravageuse» une œuvre qui parle d'addiction, d'ogres et de sexe.
Intense, sa vie l’était certainement à l’époque du crash. Elle avait 25 ans. Adorait le poker. Avait une passion pour la géométrie qui l’avait d’abord propulsée en prépa scientifique à Louis-le-Grand à Paris, puis à Polytechnique. Voie royale suivie sans même y penser par cette première de la classe, née à Marseille mais élevée à Paris par un père ancien commandant de pétrolier et une mère au foyer. A l’X, elle contracte trois nouvelles passions : la mécanique quantique, la physique des matériaux et un jeune camarade d’origine russe. Premier accident : l’amoureuse prend le pas sur la première de la classe.
Ensuite, la voie royal