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Libération
Interview

«La gauche de mon pays ne fait plus rêver les jeunes»

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Rencontre à Paris avec Silvia Avallone
publié le 14 avril 2011 à 0h00

Silvia Avallone surprend ou séduit pour les mêmes raisons. Ses gros seins, son sourire, ses cheveux bouclés en cascade, son imposant tatouage tribal sur l'épaule gauche qui date de ses 15 ans, les 350 000 exemplaires de D'acier vendus en Italie, les 12 traductions en cours, le fait qu'elle a été finaliste de l'équivalent du Goncourt. Elle a beau citer une phrase de Don DeLillo sur «la peur» en exergue de son roman (1), on dirait qu'elle n'en ressent aucune. L'assurance est forcément un peu forcée. Son père était un petit commerçant napolitain établi à Piombino, sa mère enseignante en primaire originaire du Piémont, qui ont fini par divorcer. Enfant unique, Avallone est mariée à un libraire, et ils vivent à Bologne. Cette inlassable lectrice de Balzac, DeLillo, Capote, Nabokov, Dostoïevski ou Flaubert écrit aussi de la poésie, et récemment, un texte sur Anna Magnani. Alors que D'acier est en cours d'adaptation pour le cinéma, Silvia Avallone a commencé un deuxième livre (dont, par supersition ou prudence, elle ne dira rien).

Pourquoi Piombino ?

J’ai vécu là-bas par intermittence, avec mon père, entre 14 et 18 ans, et j’ai grandi avec des adolescents qui, dès 16 ans, sont allés travailler à la Lucchini. J’avais envie de raconter des histoires dont la presse ne se fait jamais l’écho. Ce qui m’a valu des procès publics. J’avais mis le doigt là où ça fait mal. On m’en a voulu d’évoquer les jeunes ouvriers, ceux qui ont remplacé les vieux militants. Parce qu’il est difficile