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Critique

Remède-médecin

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Le lien malade-praticien disséqué par une figure de la psychanalyse
publié le 14 avril 2011 à 0h00

On trouvera dans ce livre vingt textes, inédits en français, d’un des plus célèbres analystes de la deuxième génération après Freud. Michael Balint (1896-1970), élève de Ferenczi, hongrois comme lui, a eu une très grande influence sur la psychanalyse dans le monde entier, notamment en Amérique latine et en Australie. Il est également à l’origine d’un mouvement médical connu sous le nom de Groupes Balint qui a profondément renouvelé les relations médecins/patients. Un des textes emblématiques de ce livre, «Le médecin, son malade et sa maladie», porte précisément sur ce sujet : une communication donnée par Balint en 1955 à la Tavistock Clinic de Londres alors qu’il était président de la British Psychological Society.Le point crucial du débat tient en ce que Balint, médecin et psychanalyste, a montré, preuves à l’appui - une première dans l’histoire de la médecine- que le médicament le plus utilisé en médecine générale n’était autre que le médecin lui même ! Ce qui importe en d’autres termes, ce ne sont pas seulement les médicaments - ils agissent ou n’agissent pas - mais la manière dont le médecin les prescrit à son patient, c’est-à-dire tout le contexte dans lequel la prescription est donnée et prise.

Il n'existe malheureusement aucune pharmacologie de ce médicament essentiel. Balint écrit : «Aucun manuel n'indique au médecin la dose qu'il doit prescrire de lui- même, ni sous quelle forme, à quelle fréquence, quelle est sa dose curative et sa dose d'entretien, etc.»