Ce sont les Trente Tumultueuses chinoises. Trois décennies d'accélération et de défis, de tensions et de ralentis. «Jamais encore, dans l'histoire de l'humanité, un aussi grand pays n'avait connu de telles transformations dans un espace de temps si court», écrit Caroline Puel au début de son immersion dans l'histoire immédiate de l'empire du Milieu, dont le «réveil provoque une véritable mutation du système international hérité du XXe siècle». La journaliste du Point, ex-grand reporter de Libération, qui sillonne le pays depuis trente ans, livre un bon aperçu du grand chambardement chinois.
Ses Trente Ans de «rire, de sueur et de larmes» sont moins un essai à thèse, comme ceux d'Erik Izraelewicz (l'Arrogance chinoise) ou de Jean-Luc Domenach (La Chine m'inquiète), qu'un long récit convaincant, tissé de portraits, reportages et témoignages. En s'en tenant à une approche chronologique un peu trop sage, Caroline Puel éclaire le paradoxe chinois : comment ce grand pays, qui a ravi au Japon la place de deuxième économie mondiale, reste une puissance en «émergence pacifique», en quête d'image et de relation positives avec ses voisins et l'Occident. Elle s'attarde sur le rôle joué par Deng Xiaoping, le «petit timonier» qui avait théorisé le «socialisme à la chinoise» à coups de réformes et de libéralisations. Désavoué par la nouvelle génération après Tiananmen, il lui faut <