Voici un livre qui a failli ne pas exister ou, en tout cas, dont nous avons failli ne pas entendre parler, puisqu'il a été autoédité et qu'il n'a pas de distributeur. Gyps, le scénariste, et Dahmani, le dessinateur de Oualou en Algérie, ont frappé à presque toutes les portes, aucune ne s'est ouverte. L'album de BD, que ses auteurs ont fait imprimer à Beyrouth en février, est pourtant un des plus originaux parus en France ces derniers mois. Il fait penser à Calcutta(de Sarnath Barnerjee), Paracuellos (de Carlos Giménez) ou la Circoncision (Riad Sattouf) : même s'il est graphiquement plus classique, il en a l'humour, l'énergie et la portée politique.
Oualou est à la fois une enquête policière à la Jack Palmer (l'Enquête corse et l'Affaire du voile de Pétillon, auquel les auteurs rendent hommage dès la troisième case) et un documentaire sur l'Algérie et ses rapports avec la France. Le récit se passe à la fois au présent - dans le sillage de Nadir Oualou, apprenti détective privé dans le 9-3 -, et dans le passé, avec les flash-back sur l'Algérie des vingt dernières années.
Désillusion. L'histoire commence en 1982, quand Saïd Benhamou débarque à Paris comme étudiant. Fritage avec les flics dès l'aéroport («Parce que maintenant, les Arabes, ça fait des études ? - Parce que maintenant, dans la police, ça sait lire ?»), rencontre et mariage avec une jeune Française de gauche, Nicole, et r