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Critique

Dewey, indices de démocratie

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Le cahier Livres de Libédossier
Le libéralisme existentiel du philosophe pragmatiste en deux essais
publié le 21 avril 2011 à 0h00

John Dewey (1859-1952), ce n'est pas tous les jours qu'on s'en sert. D'abord parce qu'il est américain et que la philosophie anglo-saxonne, quoique bien introduite désormais dans l'Université française, ne fait pas partie du bagage classique continental. C'est bien dommage, car le pragmatisme, dont Dewey est un des pères avec William James, représente le versant cool du libéralisme qui pense. James en ébauche cette définition dans la deuxième leçon de son Pragmatisme (1907) : «La fonction de la philosophie devrait se résumer à découvrir quelle différence précise cela fera pour vous et moi, à des moments précis de notre vie, si nous adoptons pour vraie telle théorie du monde plutôt que telle autre.»

«Contribution». Dans sa radicalité, le libéralisme de John Dewey est porteur d'espoir, à défaut d'optimisme. Le livre fondateur de son œuvre, Démocratie et Education (1916), dénonce entre autres la conception britannique d'un individu uniquement mû par «la satisfaction de ses propres besoins» à travers le commerce. Ce libéralisme fait en effet de la liberté un principe négatif, une simple «absence externe de contraintes dans le mouvement» vers cette satisfaction. Au contraire, Dewey table sur une liberté qui permette «à l'individu d'offrir sa contribution personnelle aux intérêts du groupe et à prendre part à ces activités collectives de façon à ce qu'elles soient socialement dirigées conformément à sa propr