Au milieu de la forêt, des rochers et des bassins creusés dans la pierre, un milliardaire anglais, en 1949, pose ses bagages. Nous sommes à Xilitla, au Mexique. «L'Inglés» s'appelle Edward James. Deux ans auparavant - il allait avoir 40 ans -, il a quitté Cuernavaca au volant de sa Lincoln. A Cuernavaca, on ignore si James a croisé Malcolm Lowry, mais il a rencontré à la poste, derrière le guichet, Plutarco, un Indien qui va être son amant, son ange et son guide, puis son ami pour la vie une fois que Plutarco aura fondé une famille. A Xilitla, James trouve ce que les capitales, New York, Londres ou Delhi, et son domaine dans le Sussex ne lui ont pas apporté : «Je recherchais une ambiance, une atmosphère, la beauté, un Eden où je pourrais tout inventer.» Un demi-siècle plus tard, partie sur les traces de l'esthète excentrique (il apprivoisait les boas, chérissait les bébés alligators), Anne Vallaeys tombe sur les constructions qu'il a ordonnancées dans ses trente hectares de jungle : «Soudain, emberlificoté dans des grands arbres, c'est un assemblage de piliers sculptés, de pilastres hétéroclites. Un Angkor américain. Notre sentier s'engouffre sous l'arrondi ouvragé d'un anneau de ciment maculé de teintes effacées.» Edward James (1907-1984) n'a peut-être pas été heureux, mais il a imaginé quelque chose qui ressemble à un rêve réalisé.
Edward James, vous croyez ne pas le connaître, mais vous l'avez vu souvent. La Reproduction interdite est un