Voilà une biographie qui interroge sur l’égoïsme. L’histoire d’un petit garçon, Jean Fontenoy (1899-1945), élevé par sa mère, engagé volontaire en mars 1918, devenu journaliste de haut vol à l’agence Havas puis écrivain, polyglotte et mondain, attiré par le surréalisme et la révolution dans l’éclat de sa jeunesse ; un jeune homme protée qui, à force de s’aimer trop, va basculer dans l’ignominie.
Nazi. Pas collaborateur d’estrades à la façon Drieu La Rochelle. Pas profiteur, comme Rebatet, ou lâche, pourchassant de sa vindicte les désarmés, comme Brasillach ou Cousteau. Non, combattant, croisé de l’Ordre nouveau, engagé. Mais cette fois dans l’armée finlandaise - en 1940 pour s’opposer à l’Armée rouge -, la Légion française des volontaires contre le bolchevisme sur le front russe, s’exhibant en 1942 au café de Flore en uniforme de la Wehrmacht, puis la fuite vers Sigmaringen et, pour finir, Berlin - avec probablement une capsule de cyanure avalée juste avant que les troupes russes n’arrivent dans le bâtiment.
Opium. Rassemblé en près de 500 pages, dont une bonne part puisée dans la correspondance privée, Fontenoy ne reviendra plus restitue certes une œuvre et une ligne de vie. Quatre livres au total, de 1936 à 1938 (l'Ecole du renégat, Shanghai secret, Songe du voyageur, Cloud ou le communiste à la page), des centaines d'articles de journaux dans la grande et la plus misérable des presses, deux tentatives de suicide ratées, une troisième sans