Il lui épargna la fosse commune. Et le fit enterrer dans l’église San Vitale, au-delà de la grotte de Pozzuoli - non loin de la tombe de Virgile. Puis il informa la famille, à Recanati, dans les Marches, que le poète n’avait pas été victime de l’épidémie de choléra, mais avait succombé, le 14 juin 1837, à un hydropéricarde.
C'est en octobre 1833 qu'Antonio Ranieri et Giacomo Leopardi arrivent à Naples. Ils habitent près de piazza San Ferdinando. Giacomo passe ses après-midi au Caffé Italia, que fréquentent les lettrés et les artistes. Il ne lie conversation avec personne, est indifférent aux moqueries qu'il subit dans la rue : «Tiens, voilà "o ranavuottolo", le crapaud, le nain !» Quand son corps lui fait moins mal, il arrive à écrire. Il achève son poème parodique, Paralipomènes à la Batrachomyomachie, travaille à ses Pensées et compose le cycle d'Aspasie, dans lequel sont regroupés les poèmes de l'amour et du désamour pour Fanny Targioni Tozzetti. L'insalubrité pousse Antonio et Giacomo à s'installer dans les quartiers hauts de la ville, puis au 2 du vico Pero, à Capodimonte, réputé pour la qualité de son air. Bientôt les processions invoquent la clémence du ciel et de saint Janvier : de plus en plus de maisons sont marquées d'une croix, et les Frères de la Miséricorde ramassent et entassent les cadavres sur des charrettes. Giacomo, malgré les recommandations d'Antonio, s'aventure parfois dans les ruelles infestées. Les deux amis, grâce à