La télévision, dans la vie de Bernard Pivot, joue le rôle de la fête dans le Grand Meaulnes. Elle fait oublier tout le reste, que l’histoire n’est pas terminée, que Bernard Pivot a été aussi un journaliste de presse écrite et de radio. Bernard Frank, dans ses chroniques des années 60 (En soixantaine), évoque «l’un des garçons les moins sots du Figaro littéraire». Pour lui, à ce moment-là, Pivot est encore le directeur de la collection «Le procès des juges» chez Flammarion et l’auteur, dans cette collection, en 1968, d’un ouvrage intitulé les Critiques littéraires qui a son «imprimatur». Dans les Mots de ma vie, kaléidoscope assemblé par ordre alphabétique, Bernard Pivot donne quelques détails sur ce temps d’avant Bernard Pivot. Mais la liste «du même auteur» fournie à la fin n’indique pas ce livre sur les critiques littéraires. C’est dommage. Ils sont sûrement tous morts. Une réédition ne causerait de tort à personne.
Ronchon. Avec ces mots de sa vie, où il rappelle souvent qu'il est journaliste, rien que cela, mais pas moins, ce qui est à son honneur, Bernard Pivot esquisse un autoportrait, plus qu'une autobiographie. Il est «vite ému, angoissé, agité», impatient, impertinent, ronchon, sensuel, pas serein, traqueur, tous adjectifs étant généralement présentés sous une forme substantive. Au rang de ses qualités, notre homme aligne l'ardeur et la combativité, le sérieux et l'application, armes des ambitie