Le 22 avril 1961, «un quarteron de généraux en retraite», pour reprendre la martiale formule du chef de l'Etat, annonça sur les ondes de Radio-Alger avoir pris le pouvoir. Pour peu de temps : dès le 25 avril, les mutins rentraient dans le rang, suite à l'intervention musclée du général de Gaulle. On aurait tort de réduire cet échec à la seule magie du verbe gaulliste. Certes, le discours du 23 avril et le recours à l'article 16 jouèrent un rôle décisif ; mais d'autres causalités pesèrent.
Les insurgés avaient mal préparé leur coup. Rêvant sans doute de rééditer l'aventure du 13 mai 1958, ils n'entendaient cependant pas associer les civils à leur pronunciamento et hésitèrent à user de la force contre leurs frères d'armes restés fidèles au pouvoir légitime. La marine et l'aviation, par surcroît, refusèrent de se lancer dans l'aventure. Bien informé grâce aux transistors, le contingent se désolidarisa de ses chefs. Les putschistes tablaient sur le concours de l'armée ; ils durent rapidement déchanter.
Ce ne fut pourtant pas un épisode secondaire. L'Etat fut ébranlé, bien que de Gaulle ait de bout en bout conservé son sang-froid ; une partie de la Grande Muette vacilla, certains officiers généraux s'éloignant opportunément de leur poste pour voir de quel côté le vent allait tourner ; 2 000 officiers, enfin, quittèrent le service entre janvier 1960 et novembre 1961 (500 furent placés en congé spécial), signe de la crise morale que traversait l'armée. De Gaulle, in