L'adolescence est aussi un cours d'économie politique où se dévoile par à-coups la valeur des événements et des sentiments. «La mort nous était alors indifférente» est la première phrase de La lune s'enfuit, premier roman traduit en français du Finlandais Rax Rinnekangas, né en 1954 et par ailleurs photographe, cinéaste et plasticien. Pour commencer, la mort n'existe pas, elle n'est ni positive ni négative, elle n'est rien. De même l'existence du grand-père, celui du narrateur, de sa cousine et de son cousin, le trio central du roman. Le vieil homme a eu une telle conduite durant la Seconde Guerre mondiale qu'il vit dans l'isolement depuis qu'il est rentré au pays. «La vie de mon grand-père n'occupait pas nos pensées, parce que, pour nous, il n'était pas un être réel.» Mais il gagnera une réalité au cours du récit, comme le fait la mort dès la deuxième phrase du livre : «Nous ne la connaissions pas et nous n'y pensions pas, jusqu'à ce qu'elle surgisse dans notre existence, cet été-là.» Donc, en creux, elle est déjà là quand le roman débute. Il y a quelque chose d'un conte dans La lune s'enfuit, comment non l'amour mais la conscience de l'amour, sa valeur, vient aux adolescents. Et, par amour, il faut entendre à la fois le sentiment et sa pratique, cet alliage mystérieux et inattendu.
Sonja, son frère Léo et le narrateur sont allongés nus, jusqu'à ce que la fille grimpe sur le narrateur pour enfoncer sa verge en elle. «Sonja pou