Avant d'être un récit, le second roman d'Hélène Ling est d'abord une écriture. L'auteur peut bien chanter ce qu'elle veut, c'est sa musique qui reste en tête, procédant par couches successives, comme un lac dont les eaux révéleraient à mesure qu'on s'y enfonce différentes températures et sensations, une nouvelle façon d'envisager la noyade. C'est le titre qui veut ça, Repentirs, terme de peinture qui désigne, à en croire le TLF, une «correction du trait ou des couleurs apportée en cours d'exécution», sorte d'équivalent du palimpseste littéraire, et qu'on peut prendre aussi, si on le désire, pour une «repentance», un regret des fautes commises.
Chignon. Cueillons-en une bouchée au hasard. Un historien quinquagénaire évoque son amitié et sa fascination passée pour Simon Veyne, sorte d'Andy Warhol français. C'est le thème du roman. «Il me devenait soudain pénible aujourd'hui de songer à cette heure, dans l'enceinte de l'hôpital, que la première version de ses confidences teintée de déni et de reniement ait encore pu m'en imposer vers 1977, à l'époque précisément où l'héroïsme de la rue s'en allait rejoindre la liste des clichés juste refroidis. J'avais adhéré à sa fiction dépressive, plus aiguë, plus proche, me semblait-il, de ma propre profession de scepticisme : l'insurrection retournée comme un gant, l'écoulement des modèles historiques dans les égouts, la suave amertume de débâcle qu'il me mettait à la bouche, au bord de la table encomb