Entre 1770 et 1830, Paris devint une ville industrielle. Jusqu'alors capitale politique, administrative et marchande, la multiplication des fabriques posa un nouveau problème de santé publique. Dans cet ouvrage dense et savant, Thomas Le Roux s'interroge sur la légitimation de «cette mutation fondamentale qui consista à faire accepter l'industrie et son cortège de nuisances, pollutions et risques».
Dans les sociétés d'Ancien Régime, c'est la police - c'est-à-dire l'ensemble des règlements assurant l'ordre, la sécurité et le bien-être des populations - qui était en charge de la question des nuisances. Justifiée par la théorie «aériste» et la médecine climatique qui insistaient sur la bonne circulation de l'air pour empêcher les maladies, la stratégie privilégiée par les autorités de police était la mise à distance des manufactures dont on craignait les émanations ou les risques d'incendie. Hormis dans les villes construites sur l'industrie, comme Manchester ou Charleroi, la prise de conscience des dangers pour la santé publique a donc abouti dans toute l'Europe à l'éloignement des ateliers et fabriques indésirables, quitte à gêner le développement industriel.
Corrosion. A partir des années 1770, la question des nuisances industrielles intéressa de plus en plus les scientifiques (chimistes et pharmaciens) mais aussi les plaignants toujours plus nombreux. Le développement rapide d'une industrie chimique inspirée des découvertes de Lavoisier mais