C'est un peu l'album de famille du 10 mai. Une galerie de portraits réalisés par le photographe Olivier Roller, collaborateur régulier de Libération [un certain nombre d'images ont d'ailleurs été publiées dans le quotidien, nldr] et par le journaliste écrivain Emmanuel Lemieux. Les deux hommes ont rencontré une centaine de personnes, acteurs de la victoire mythique, témoins privilégiés de l'époque, ou simples adolescents ou électeurs anonymes. Leur point commun : ces années 80 «dont ils ont respiré le même air, et qui fit le climat du grand roman collectif des années Mitterrand», expliquent les deux auteurs dans leur préface.

Ainsi voisine Myriam - le mannequin qui, vêtue d'un simple bikini, promettait, poing sur les hanches sur toutes les affiches de France, que «le 4 septembre, elle enlèverait le bas» - avec Umberto Eco, Sylvie Vartan, Edouard Balladur ou Etienne Mougeotte.

Photographiés en plans serrés, sous une lumière crue qui souligne ces trente années passées, ces hommes et femmes racontent, sous la plume d’Emmanuel Lemieux, leurs parcours et leurs souvenirs dans de courts textes mêlant verbatim et biographies.

Des petites histoires croisant la grande, un kaléidoscope d'attitudes et de sentiments, de trajectoires et de vies. Et autant de formules. Assassine pour Michel-Antoine Burnier, rédacteur en chef d'Actuel en 1981, et mitterrandophobe viscéral depuis la guerre d'Algérie : «J'ai voté quatre fois pour Giscard.» Nostalgique