Vingt et un ans sont passés depuis la chute du mur de Berlin, lorsque soufflait sur le capitalisme un vent de triomphe. Plus rien ne devait - et ne pouvait - rivaliser avec ce système devenu unique. Et pourtant, ce même capitalisme court aujourd’hui à sa perte. Il agonise depuis 2007 et la crise des subprimes aux Etats-Unis.
Anthropologue, sociologue et spécialiste de la formation des prix, Paul Jorion pose depuis plusieurs années un regard critique sur l'économie. Il décortique dans son dernier ouvrage ce qu'il considère comme une série de facteurs mortifères qui expliquent pourquoi «nous ne traversons pas l'une des crises habituelles du capitalisme, mais sa crise majeure, celle de son essoufflement final, et pour tout dire, celle de sa chute».
Paul Jorion part d'un constat. La fonction socialement utile de la finance serait gangrenée depuis plus de trente ans par de nouvelles pratiques ne produisant aucune valeur ajoutée. Avec un sens réel de la pédagogie, l'économiste met en évidence ce long processus de transformation. Et pour décrypter cette thèse, Paul Jorion tire profit des réflexions d'auteurs comme Robespierre, Saint-Just, Hegel, Freud, Marx… Ou encore Keynes, dont il souligne le rôle pour sauver le capitalisme dans les années 30 avec sa définition du plein-emploi comme point pivot autour duquel tout devait s'ordonnancer. «Or, aujourd'hui, écrit l'auteur, c'est précisément le travail qui manque. Si l'on voulait sauver encore une fois le capitalis