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Libération
Critique

Bœuf à l’orange mécanique

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Dessous d’un dîner familial par Herman Koch
publié le 19 mai 2011 à 0h00

«Un café, et l'addition !» On vous dit la fin, ce n'est pas bien. Mais on a tant voulu le connaître, ce finale, on a même coupé par la diagonale, sacrifiant toute autre activité pour y parvenir. L'ennui, c'est que la note réglée, et le suspense levé, on a encore faim. Et l'on repart à l'entrée de ce millefeuille intitulé le Dîner. Chapitre un : l'apéritif. Deux : l'entrée, et ainsi de suite jusqu'à la fameuse addition. Nous sommes… on peut dire «nous» car dans la tête des quatre convives de ce Dîner, il y a évidemment vous et moi… dans un restaurant branché d'Amsterdam, en compagnie du futur Premier ministre socialiste des Pays-Bas, Serge Lohman, de son frère inconnu et jaloux, et de leurs deux femmes. On ne connaîtra pas le nom du restaurant, mais des indices sont lâchés : les serveuses, toutes très belles, en noir, servent de la viande issue d'animaux qui ont eu «une belle vie». Dès la première «petite coupelle d'olives grecques du Péloponnèse, assaisonnées avec une touche d'huile d'olive extravierge de la première récolte provenant du nord de la Sardaigne, le tout achevé avec du romarin de…», on est prévenu par le narrateur, Paul : on va s'ennuyer ferme à ce dîner. En plus, le but est de «parler des enfants».

Serge et Babette Lohman ont deux fils, l'un naturel et l'autre adopté. L'autre couple, Paul et Claire Lohman, n'a qu'un fils, Michel. Trois ados adorés, qui s'entendent à merveille. Et dont on comprend vite qu'ils