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Libération
Critique

Les «attentateurs» du XIXe siècle

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Le terrorisme à la française par Karine Salomé
publié le 19 mai 2011 à 0h00

«Ouragan homicide», l'expression est du chef de la Sûreté parisienne, Monsieur Claude, qui ne put éviter aucun des dix attentats commis contre Napoléon III, dont celui d'Orsini en 1858, le plus meurtrier du siècle (8 morts et 156 blessés). Les choses n'allaient guère mieux vingt ans auparavant. «Nous sommes entourés d'assassins», déclara la reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe contre lequel on attenta huit fois. Quant à la fin du siècle, elle fut marquée par une vague sans précédent d'attentats, œuvre des anarchistes, qui culmina avec l'assassinat du président de la République Sadi Carnot en 1894. Cette épidémie de violence politique fait-elle de la France du XIXe siècle le berceau du terrorisme ? C'est à une telle question que s'attache à répondre la synthèse de Karine Salomé.

De l'attelage explosif lancé contre Bonaparte, rue Saint-Nicaise en 1800, jusqu'à la fin du siècle, elle a recensé 44 attentats politiques. Tous les genres sont représentés : des coups de couteau comme celui de l'ouvrier Louvel qui tue en 1820 le duc de Berry, héritier du trône, des coups de fusil ou de pistolet, des «machines infernales» comme celle de Fieschi en 1835 (24 canons de fusil alignés), des grenades, des «engins» à base de potasse, d'acide sulfurique et de dynamite. Les bombes, comme celles de la rue Saint-Nicaise, celle d'Orsini ou celles des anarchistes, indignèrent tout particulièrement. On y vit le produit d'une «science crimine