Ils sont arrivés à Phnom Penh dans l’exubérance de la victoire contre l’impérialisme américain incarné par le général Lon Nol. La fête sera de très courte durée. Le 17 avril, les Khmers rouges font main basse sur le Cambodge. Ils font évacuer la capitale, jetant sur les routes des milliers de personnes bientôt traquées comme des ennemis à exterminer, privées d’aliments et d’abris.
Dans ce premier tome prometteur, Tian raconte l’irruption des hommes en noir dans Phnom Penh. Il décrit comment l’arbitraire au quotidien s’empare d’un pays qui sombre dans la tragédie dès les premières heures de la prise du pouvoir. Dans des planches très expressives et réalistes, il croque l’envers de la révolution des Khmers rouges, qui fera au moins 1,7 million de morts entre 1975 et 1979 ; les mensonges de la propagande, la terreur qui s’installe. Avec une économie de moyens, l’auteur dépeint d’une manière documentée (vocabulaire, imageries, attitudes, etc.) et intime ces premiers mois de chaos et d’urgence.
Né au Cambodge en 1975, Tian a vécu les premières années de sa vie sous le régime de Pol Pot. Dans cette Année du lièvre, il raconte l’histoire de son pays à travers le vécu de sa propre famille, lancée dans un exode sans destination. Surtout, il s’attache à montrer les «petits miracles», selon l’expression du cinéaste Rithy Panh en préface, qui sauveront sa famille de l’effacement, de l’anéantissement. C’est un soldat khmer rouge qui laisse filer