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Libération
Critique

La métaphysique du joystick

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Partant de l’expérience du joueur face à son écran, Mathieu Triclot conçoit une théorie des jeux vidéo
publié le 26 mai 2011 à 0h00

En général, Socrate s'entretient avec Gorgias, Phèdre ou Ménon. Mais là c'est avec Mario. Et de quoi parlent-ils, Socrate et Mario ? Du bien, du beau, de la justice, de l'ignorance ? Pas tout à fait. «S : Partons de ta définition. Un jeu vidéo est un programme dans lequel on interagit via une interface, aujourd'hui graphique, et cela pour s'amuser, pour le plaisir et non pour produire quelque chose. C'est bien cela ? M : Tout à fait, Socrate. S : Eh bien, prends le Solitaire de Windows. Tu y as déjà forcément joué. M: Comme tout le monde. S: Tu seras d'accord pour dire que le Solitaire répond à ta définition : on interagit avec une interface graphique pour se distraire. Et pourtant, c'est juste l'adaptation d'un jeu traditionnel. Cela n'a rien de spécifique. Si quelqu'un voulait savoir ce qu'est le jeu vidéo, tu ne lui montrerais pas le Solitaire, mais certainement d'autres jeux. M : Sans aucun doute. S: Et pourquoi cela ? Qu'est-ce qui nous manque si nous ne connaissons du jeu vidéo que le Solitaire ? M : Je ne sais pas, Socrate.»

Mario va montrer aussi Pong,Final Fantasy, les Sims,les Lapins crétins, Mortal Kombat et autres Space Invaders, si bien que Socrate, comme d'habitude, la trouvera, la définition. C'est par ce dialogue, nullement improbable (Socrate ne voulait-il pas tout apprendre, sachant qu