C’est dans l’est de Paris que se terminent les combats de la Semaine sanglante (du 22 au 28 mai 1871). La Commune a dû évacuer l’Hôtel de Ville et s’est repliée sur la mairie du XIe arrondissement. Sur les marches du grand escalier, des femmes silencieuses cousent des sacs pour les barricades. L’assemblée de la Commune est en séance : «Tout le monde est mêlé, écrit Vallès, tout le monde délibère.»
Dans cette confusion dramatique, le vieux Charles Delescluze, nommé délégué à la guerre, prend la parole. Le silence se fait, car le moindre chuchotement aurait couvert sa voix presque morte. Il dit que tout n'est pas perdu, qu'il faut tenter un grand effort - il propose que les membres de la Commune, ceints de leur écharpe, passent en revue sur le boulevard Voltaire tous les bataillons que l'on pourra rassembler et les dirigent ensuite sur les points à reconquérir. «L'idée transporta l'assistance, écrit Lissagaray (1). La fusillade, le canon du Père-Lachaise, le murmure confus des bataillons entraient par bouffées dans la salle… Voyez ce vieillard, debout dans la déroute, les yeux pleins de lumière, la main droite levée défiant le désespoir, ces hommes armés tout suants de la bataille, suspendant leur souffle pour entendre cette adjuration qui monte de la tombe…» Bien sûr, les choses tournent mal, très vite. Delescluze et ses amis avancent sur le boulevard Voltaire dans un ouragan d'obus et de balles.
A cinquante mètres de la plac