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Libération
Critique

Krach coup de théâtre sur la bourse

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Le cahier Livres de Libédossier
publié le 28 mai 2011 à 0h00

Frédéric Lordon est un économiste multifacette. Ses analyses serrées eurent du retentissement au moment de la crise des subprimes. Plus tard, il a esquissé une critique spinoziste du capitalisme autour de la notion de «puissance d’agir». Le voici qui a recours à l’alexandrin pour mettre à nu les attitudes humaines qui ont rendu possible le krach bancaire de septembre 2008 : l’avidité des banquiers, la servilité des hauts fonctionnaires, l’aveuglement des politiques.

Les meilleurs moments sont ceux où l'on voit s'agiter quatre banquiers, plus clones que rivaux, découvrant l'ampleur de la catastrophe. «Le troisième banquier : - C'en est donc fait de nous ! / Le quatrième banquier : - Nous allons tous périr ! / Le troisième banquier : - Ruons-nous aux canots ! Le quatrième banquier : - Aux retraites chapeaux !» Fiévreusement, ils cherchent comment se refaire. Et trouvent : «Nous sommes intouchables ! / Pour nous sauver l'Etat mettra tout sur la table.» Un banquier lance : «Au guichet ! Au guichet !» Et les voici à l'Elysée, où un «deuxième conseiller», derrière lequel on devine sans trop de peine l'auteur lui-même, tente de convaincre que le procédé par lequel les banquiers menacent de faire faillite pour faire payer leurs turpitudes par le contribuable est simplement du chantage. «Toujours aussi prudents, nos chers économistes / Craignant le dérapage et la sortie de piste / Ont trouvé le doux mot de l'"aléa moral" / Pour du capitalisme ne dire aucun mal.»

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