Menu
Libération
Critique

Le cheminement des dames

Article réservé aux abonnés
Quatre femmes scientifiques retracent l’histoire de la condition féminine à travers les âges. Eclairant.
publié le 28 mai 2011 à 0h00

«Un jour, le papa met une petite graine dans le ventre de la maman…» Dès le début, l’histoire est fausse, la graine, la vraie, étant composée à parité des gènes du papa et de la maman. Mais elle a pourtant traversé les âges, la science et la technologie. «Cela peut paraître anodin, mais en réalité, cela reproduit le modèle archaïque dominant qui vient de nos ancêtres, explique l’anthropologue Françoise Héritier. Depuis toujours, les femmes sont données comme reproductrices, un simple matériau pour produire des fils. Comme dans les sociétés primitives, la femme reste une marmite !»

Depuis la fameuse Eve, «corps d'appoint de l'humain mâle», trois scientifiques remontent l'histoire de la condition féminine : Françoise Héritier, Michelle Perrot et Sylviane Agacinski, guidées par la politologue Nicole Bacharan, composent la Plus Belle Histoire des femmes. Belle, l'histoire des femmes ? Plutôt un passé d'esclaves, au service des hommes. Dans la plupart des sociétés, selon Françoise Héritier, «l'homme use de son épouse à la fois comme mère de ses fils, pourvoyeuse de confort, travailleuse et source de plaisir sexuel». Et «la pulsion masculine, fait naturel, n'est jamais remise en question, alors que la libido féminine a toujours été contrôlée». Pour l'anthropologue, le système «est fondé sur l'intériorisation par les femmes de leur infériorité». L'immense majorité des femmes n'ont laissé aucune trace. Les rares héroïnes retenue