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Libération

Tenue de campagne pour la gauche

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publié le 28 mai 2011 à 0h00

Ces deux-là s’intéressent depuis longtemps à la rénovation radicale de la gauche. Deux élus locaux socialistes qui sont aussi deux intellectuels en politique. Les pieds et les mains dans la réalité du terrain, la tête dans les idées neuves. Et une même détestation de la défaite. Baumel et Kalfon cherchent à dessiner les contours d’une offre enfin gagnante après trois échecs cuisants à la présidentielle.

Ils enragent de voir les socialistes, par flemme ou aveuglement, refuser de voir «les nouvelles fragmentations sociales» de la société française. Dans «la Nouvelle Alliance», une célèbre note de la Fondation Jean-Jaurès, rédigée avec Henri Weber, Baumel avait déjà dénoncé il y a dix ans l'obsolescence de la vieille grille marxiste : la montée en puissance de la «société des individus», chère à Norbert Elias, redessinait déjà les classes sociales traditionnelles : de nouvelles catégories émergeaient, de nouvelles frontières se dessinaient, notamment au sein de cette masse si diverse des classes moyennes. Mal à l'aise avec cette géographie sociale mouvante, la gauche ne sait plus s'adresser à des pans entiers de la société. Ouvriers et employés se sont détournés en masse du candidat Jospin en 2002 ; les seniors ont voté comme un seul homme pour Sarkozy en 2007 ; enfin, ce dernier a su marquer des points décisifs chez ceux qu'il a appelés «la France qui se lève tôt».

Nos deux auteurs n'ont pas peur du ciblage électoral à l'anglo-saxonne. Ils en appellent