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Libération
Critique

Mortelle fratrie

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Les trois religions monothéistes ne courent pas après le même bonheur.
publié le 4 juin 2011 à 0h00

Les trois monothéismes se font la guerre. Sur les chaînes d’information continue, de Ben Laden aux débats sur la laïcité, du conflit israélo-palestinien à la discussion en cours sur l’universalisme, les fils d’Abraham n’en finissent pas de se jauger, de s’empoigner, de se combattre.

Mortelle fratrie ? Isy Morgenzstern est réalisateur, mais il est aussi engagé dans une réflexion théologique depuis de longues années. C'est donc avec pédagogie autant qu'érudition que son Aventure monothéiste examine ce qui rapproche et ce qui sépare le judaïsme, le christianisme et l'islam. Ce que les trois religions ont en commun, c'est d'abord d'avoir refusé «de se soumettre à des objets immobiles.» Il y avait des idoles intermittentes et muettes, il y aura désormais le dieu monothéiste qui exige et oblige, dont la voix résonne dans la nuit.

Mais si les trois monothéismes sont des religions du Livre, le Talmud, le Nouveau Testament et le Coran ont des statuts très différents. La parole divine n'y a pas le même destinataire : elle s'adresse respectivement à un peuple, à tous les hommes, à la communauté… Dans un passage réjouissant, Morgensztern s'interroge sur l'idée que chaque religion se fait du bonheur. Pour le judaïsme, le bonheur est par essence «différé», car soumis à l'étude et aux actions justes. Le christianisme prône l'exemple des saints, désire libérer l'âme et trouve sa plus grande joie dans l'espérance.

Le musulman, enfin, aspire à l'infini, mais la tensio