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Libération
Critique

La cage aux songes

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Le cahier Livres de Libédossier
Antoine Blondin, figure des hussards, dans un album souvenirs
publié le 9 juin 2011 à 0h00

Antoine Blondin, 1922-1991, c'est une ampoule à baïonnette. Forme parfaite, éclairage doux, mieux adapté aux vieilles lampes de bar et d'Aladin qu'aux néons du brouhaha contemporain. Quatre ans avant sa mort, Bernard Frank, le voyant à la télé, avec sa tête de second rôle des années 60 ou, pour les plus jeunes, de Kad Merad grimé, rappelle la «parole si précise, si articulée de cet ancien bègue guéri par l'alcool et qui n'abandonne jamais la phrase d'un pouce».

L'édition généalogique et illustrée que son ancienne maison, la Table ronde, consacre à l'écrivain, permet de vérifier la qualité sensible, sonore, de sa parole écrite. L'éditeur a choisi ses deux plus fameux livres, l'Humeur vagabonde (1955) et Un singe en hiver (1959). Blondin le stendhalien y distribue ses doubles, à Paris, en Normandie, en Charente, comme des cailloux sur un chemin qui le ramène toujours au lieu perdu de son enfance. L'ouvrage, un millefeuille, est l'archéologie de son talent blessé. Son soin et sa beauté miniatures rendent hommage à ceux des phrases de Blondin. Entre les chapitres des romans sont glissées des couches teintées de cahiers biographiques : belles photos rares, coupures d'articles critiques sur les deux romans, chronologie, fac-similé de lettres à ses parents et des cahiers sur lesquels il n'écrivait que quand il ne pouvait plus faire autrement. On découvre son écriture enfantine, ronde et parfaite. Elle évoque le monde des premières lectures et du certificat d'ét