On le dit avec raison : l'essor de la philosophie française doit quelque chose au fait quasiment unique qu'en France tous les élèves des classes de terminale reçoivent un enseignement philosophique axé sur les notions et les problèmes et non, comme dans la plupart des pays, sur l'«histoire de la pensée». Mais sans doute faut-il faire entrer en jeu d'autres facteurs - politiques, sociaux, culturels, sinon générationnels - pour expliquer pourquoi certaines saisons sont plus fécondes et d'autres plus arides. Des figures remarquables de la pensée française, de Bergson à Bachelard, de Sartre à Merleau-Ponty, de Jankélévitch à Levinas ou Ricœur, ont certes jalonné tout le XXe siècle. Mais quelles conjonctions, quelles conjonctures, quels héritages, quels croisements de biographies et de formations, quel terreau universitaire, quelles transformations socio-politiques ont fait que, dans la décennie 60-70, se produise en France «l'un des épisodes les plus brillants de l'histoire de la pensée philosophique», que, contemporainement, naisse le structuralisme, avec la Pensée sauvage de Claude Lévi-Strauss, que le marxisme, qui n'avait connu que le renouvellement apporté par Gramsci, fasse peau neuve avec Louis Althusser, que la psychanalyse se refonde avec Jacques Lacan, que fleurissent en même temps les œuvres novatrices de Michel Foucault, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Roland Barthes, Pierre Bourdieu, Jean-François Lyotard, Michel Serres ? Et, à l'inver
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Le cahier Livres de Libédossier
par Robert Maggiori
publié le 16 juin 2011 à 0h00
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