Au moment où le Petit Robert juge utile de faire entrer dans ses pages des termes comme vuvuzela - engin bruyant qui eut son quart d'heure de célébrité en 2010 - et cougar -«femme mûre qui recherche et séduit des hommes beaucoup plus jeunes» -, l'université de Chicago annonce qu'elle vient de terminer son dictionnaire assyrien-anglais après quatre-vingt-dix ans de travaux. Oui, quatre-vingt-dix ans ! La rédaction de l'ouvrage avait commencé en 1921, à l'initiative de l'archéologue James Henry Breasted. Elle s'est achevée ces jours-ci après inventaire et explication de plus de 28 000 mots, le tout en 21 volumes dans lesquels on ne trouve pas trace de tweet et encore moins de vuvuzela.
Il est vrai que ce dictionnaire recense des mots qui furent en usage en Mésopotamie entre 2500 avant le début de notre ère et 100 après. Les archéologues les ont identifiés sur des tablettes en terre cuite, où ils furent gravés en caractères cunéiformes. On connaissait peu les œuvres de Michel Houellebecq à l’époque, et le Petit Robert n’était pas disponible dans tous les hypermarchés. Mais les gens qui écrivaient sur ces tablettes garanties sans électronique et sans pub n’en parvenaient pas moins à exprimer les grands sentiments : l’amour, la peur, le désir, la satisfaction d’avoir bien réparé sa mobylette (ce dernier point restant à vérifier).
Le mot umu, qui veut dire «jour», a le droit à un développement de 17 pages. Le Robert fait nettement plus court. Prof