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Libération
Critique

Jean-Christophe Rufin

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Le cahier Livres de Libédossier
Exotique d’écriture
publié le 16 juin 2011 à 0h00

Coquetterie de lecteur, son snobisme. Bourdieu avait découvert la «bonne volonté culturelle» du petit-bourgeois. On expérimente son revers : la mauvaise conscience. Il y a de la difficulté à aimer le dernier Rufin parce qu'il se laisse faire, que c'est un livre facile, comme on le dit d'une fille ou d'un garçon.

Ces Sept Histoires qui reviennent de loin ont des phrases qui font sourire : «C'est pour un mort, chuchote la voix dans le vestibule. - Eh bien ! glisse-le sous la porte.» Il y en a d'autres que n'importe qui peut écrire : «L'homme était de petite taille mais sa silhouette sportive dénotait une excellente condition physique.» Certaines sont sorties d'un scénario hollywoodien : «Il n'y a pas de temps à perdre, allons-y, souffla-t-il.» Et même quelques-unes de la plume de Tintin observant le capitaine Haddock, «soufflant une profonde bouffée de tabac».

Carcasse. Côté reconnaissance, Aristote peut être content, les quatre premières histoires et la sixième ont la même carcasse. Un personnage (ou un objet) perturbe la situation initiale, et c'est en tentant de revenir à celle-ci que des révélations tantôt heureuses tantôt malheureuses sont faites sur le personnage ou le narrateur. Classicisme français, alternance des tonalités, réglé comme un motet. Mais le lecteur est un violent, il se veut esprit pénétrant. La réticence fait partie du plaisir. De ce point de vue, Sept Histoires qui reviennent de l