Directs, indirects ou perçus sous forme de cotisations, les «prélèvements» opérés par l'Etat sur les ressources des Français s'élèvent aujourd'hui à près de 45% du PIB, alors qu'ils n'en représentaient que 10% en 1900. Beaucoup s'en plaignent ou font de leur diminution leur fonds de commerce, mais le fait est que le pays s'en acquitte. Historien à Sciences-Po, Nicolas Delalande a voulu percer le mystère de ce «civisme» inattendu, consentement ou résignation à l'impôt. Dans un livre solide qui fera référence, il met au jour la «formidable ascension de l'Etat fiscal» ainsi que «la vigueur des batailles intellectuelles, politiques et sociales» depuis 1789.
C'est avec la Révolution française que débute en effet le régime moderne de l'impôt. Née d'une révolte fiscale contre l'Etat absolutisme, elle adopte deux principes fondateurs. Le premier, inspiré de John Locke («pas de taxation sans représentation»), avait déjà nourri les révolutions anglaise et américaine. Le second, inscrit dans la Déclaration d'août 1789, garantit l'égalité devant l'impôt et supprime les privilèges fiscaux. Mais, soucieux de ne pas donner à l'impôt de dimension inquisitoire, les constituants choisissent de taxer les choses, pas les personnes. En résulte l'instauration des «quatre vieilles», impôts de répartition sur la terre, les valeurs locatives, le commerce, les portes et fenêtres. La Convention imagine bien un impôt progressif sur le revenu, perçu c