Menu
Libération
Critique

Hitler, staline, D’un enfer l’autre

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
Le témoignage d’un juif roumain, membre du Parti communiste, qui a survécu au nazisme et au stalinisme.
publié le 18 juin 2011 à 0h00

A la question sans cesse posée «comment garder espoir après avoir traversé de telles horreurs ?», la réponse de Matei Gall est univoque : «Mais sans espérance, que vaut la vie ?» Ainsi s'achève Rescapé de la Shoah et du stalinisme, ce long témoignage des pages les plus sombres du XXe siècle, au terme duquel on se demande comment l'auteur peut encore conserver une telle foi en l'homme. Car, si le poids de l'histoire aurait pu écraser à de multiples reprises ce juif roumain victime des deux pires tragédies de son siècle - le stalinisme et le nazisme -, rien, ni la peur ni la faim, ni la maladie ni la mort «qui était prête à [le] saisir de ses griffes» n'a jamais égalé son espoir.

Cette force, qui a maintenu Matei Gall en vie, a d'abord été celle d'un engagement précoce au Parti communiste clandestin, alors que le fascisme gagnait progressivement l'Europe. «C'est contre la vie de petit-bourgeois et sans avoir lu une seule page de Marx ou d'un grand penseur que je me suis engagé», raconte le vieil homme pour présenter son ouvrage. Puis, l'idéal bute sur le réel, la dynamique des idées est coupée, comme si l'histoire déraillait vers l'absurde : «J'ai combattu pour un certain idéal dans l'espoir de voir s'instaurer une société plus juste. Pour cette raison, je fus arrêté en 1940 et accusé d'activité révolutionnaire.»

Lorsque la Roumanie entre en guerre aux côtés d'Hitler, la vie de Matei Gall se voit réduite à un cycle