Encore ? Oui, encore. Et inutile de nous refaire le coup du dernier tour de chant, on n'y croit plus. C'en est presque drôle, à quel point les Chroniques de San Francisco n'en finissent pas de finir. La première fois, c'était au bout du sixième épisode, Bye-Bye Barbary Lane. Les personnages avaient une quarantaine d'années, chacun ses plans, loin de la communauté baba des débuts. Michael, de toujours le préféré, était séropositif. On l'avait laissé là, avec les autres. C'était en 1998, les Chroniques étaient éditées au Passage du Marais. Dix ans plus tard, une couverture de L'Olivier nous l'annonçait en lettres jaunes : Michael Tolliver est vivant. On les avait un peu oubliés, sauf lui. Ce n'était pas rien d'avoir des nouvelles, ça valait la peine d'y revenir. Le «dernier épisode» lisait-on au dos. Et maintenant ? Maintenant, Mary Ann. Mary Ann en automne. Qui est aussi un beau titre.
Mary Ann, on l'a rencontrée au printemps, toute jeune, toute fraîche. C'est avec elle que s'ouvrait la série : «Mary Ann Singleton avait vingt-cinq ans quand elle vit San Francisco pour la première fois.» Elle débarquait dans la ville à la fin des seventies, militantisme et libération sexuelle, Harvey Milk et néons tapageurs. Elle s'installait au 28, Barbary Lane, chez Mme Madrigal, logeuse trans en kimono, qui avait pour habitude de scotcher un joint sur la porte de tout nouvel arrivant. Le refuge pour «chats errants