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Libération

Des chiffres et des maîtres

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publié le 23 juin 2011 à 0h00
(mis à jour le 24 juin 2011 à 17h50)

Astérix et son gros copain sont réputés pour leur propension à assommer tout ce qui passe à portée de poings. Si bien qu'une équipe d'universitaires allemands, épluchant les 34 albums déjà dédiés aux aventures des deux irréductibles, a pu y recenser 704 cas de traumatismes crâniens de gravité variable. L'article de ces chercheurs, tout juste paru dans les Acta Neurochirurgica, indique que les Romains sont les victimes les plus fréquentes (63,9% des cas) et les Gaulois les agresseurs les plus probables (près de 90%). Plus de la moitié des traumatismes s'accompagnent d'une perte de conscience avec souvent un effet sur le nerf hypoglosse, c'est-à-dire que la langue de la victime pendouille lamentablement sur le côté de la bouche. Cependant, aucun décès ni déficit neurologique permanent n'a été constaté.

Les chiffres ont cette qualité, parfois, d'éclairer sous un jour radicalement nouveau une œuvre littéraire ou graphique. Profitant d'une nuit d'insomnie, nous venons de reparcourir crayon en main l'intégralité d'A la Recherche du temps perdu et n'avons pu y trouver le moindre cas de traumatisme crânien, sauf peut-être lors du déraillement du train qui fait arriver monsieur de Grouchy chez les Guermantes avec une heure de retard. On croise malgré tout quelques attaques cérébrales comme celle, bien connue des proustiens, dont la grand-mère du narrateur est victime dans les jardins des Champs-Elysées. Plus remarquable : il y a 9 occurrences du mot baromètre dans