Maxime Vuillaume a 27 ans lorsqu'éclate la Commune. Il appartient à cette génération de jeunes bohèmes - poètes, journalistes ou «bacheliers» - qui ont vécu la fin du Second Empire dans l'attente et dans la frustration. Farouchement patriotes, républicains, anticléricaux, ils se réunissent dans les brasseries du Quartier Latin et passent la nuit dans les imprimeries d'où sortent au matin des brûlots aux titres provocateurs, la Rue, leVengeur, leCriduPeuple. Tous vivent la défaite contre la Prusse comme une trahison et une humiliation, tous s'engagent à corps perdu dans une Commune qu'ils défendent jusqu'à la dernière barricade. Beaucoup perdent la vie dans les combats et la répression de la Semaine sanglante. D'autres sont déportés en Nouvelle-Calédonie, d'autres encore parviennent à passer à Bruxelles, Londres ou Genève, et ressassent dans l'exil les souvenirs de cette «guerre de deux mois».
Suisse. Vuillaume appartient à cette dernière catégorie : il échappe in extremis au peloton d'exécution, se terre un mois chez un cousin, puis se réfugie en Suisse. Rentré en France en 1887, il se partage entre l'étude et le journalisme, collabore à laJustice de Clemenceau et à l'Aurore. S'il ne rédige pas l'HistoiredelaCommune qu'il avait en projet, il noircit en revanche de nombreux carnets de souvenirs. Lucien Descaves, qui les trouvai