Professeur émérite de littérature et joueur de jazz. Théoricien exigeant et déconneur de troisième mi-temps. Fou de Barthes et de rugby, de Michel Leiris autant que Miles Davis… Tout ça à la fois ? Ne cherchez pas, le moule est cassé. Le personnage qui va vous être conté ici a beau être bien vivant, bien portant, il appartient à un temps révolu où les humoristes ne craignaient pas d’être intelligents et les intellectuels d’être joyeux. Où Finkielkraut faisait des mots-valises et les Shadoks de la métaphysique. Où - ô sacrilège - penser n’était pas considéré comme une souffrance, mais un plaisir. Un temps où l’on s’amusait à réfléchir. Cet art, Francis Marmande l’a porté à sa quintessence pendant quarante ans, à l’université, dans ses articles, par sa musique. Le voici à la retraite, publiant une méditation sur Georges Bataille.
S'amuser à réfléchir : gros travail. On a oublié comment, à la fin des années 60, la pensée française est vieille, engoncée dans ses certitudes et son style IIIe République. «A Normale Sup, mettre le nom de Barthes ou employer le mot "paradigme" dans une copie vous valait un zéro automatique.» Né à Bayonne, enfant de la méritocratie scolaire, Francis Marmande a connu la France des lycées de centre-ville et des vieilles barbes d'avant 68. «Les hommes d'alors parlaient une langue étrange, solennelle, avec des voix un peu haut perchées. Pensez à Trenet. Avec Lacan, Barthes, Foucault, on est descendu de plusieurs tons.» Il a suivi l