Menu
Libération
Série

Garçons de bureau

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
[Bandes à part] . Tout l’été, «Libération» baguenaude dans des groupes à la marge. Aujourd’hui, le héros de la BD Gaston Lagaffe et ses collègues du tertiaire.
publié le 20 juillet 2011 à 0h00

Début des années 60. Avec la voiture, les avions, la radio, bientôt le rock, le monde grandit à toute allure. Dans l’Europe de l’après-guerre, les enfants s'impatientent. Ils bricolent, montent des maquettes, jouent au petit chimiste, adoptent des animaux, s’entraînent au bilboquet, apprennent la guitare. Ils essaient de remplir leurs journées sans télé ni écran. Bientôt, ils formeront des groupes, des comités révolutionnaires, des communautés, mais ils ne le savent pas encore. Ils se sentent juste seuls et rêvent d’avoir une bande de copains.

Gaston Lagaffe est né le 28 février 1957, à Bruxelles, point médian de la reconstruction européenne. En quarante ans - Franquin, son créateur, est mort en 1997 -, sa vie de papier fut une longue tentative pour fuir un poignant sentiment de solitude. «Qui vous a envoyé ? - J'sais pas… J'attends… - Qui vous a envoyé ? - On m'a dit de venir… - Qui ? - Sais plus… - De venir pour faire quoi ? - Pour travailler… - Travailler comment ? - Sais pas… On m'a engagé.» Comme le personnage de l'Etranger, paru quinze ans plus tôt, Gaston est principalement une silhouette. Il ne se sent pas à sa place dans le monde adulte, boude, a le cafard. Lorsqu'il perd ses cheveux pour une publicité, il se traîne avec son bonnet vert comme un pestiféré. Il n'est heureux qu'avec les machines ou les animaux. Aujourd'hui, Gaston serait un geek, un no life.

Glaçons dans le décolleté

Longtemps, sa vie fut un huis clos sado-maso avec un Fantasio qui, dans ses cauchemars