Menu
Libération
Critique

La pièce maîtresse de l’architecte

Article réservé aux abonnés
«Le Système Victoria», un roman introspectif et sexuel d’une densité rare.
publié le 18 août 2011 à 0h00

Le Système Victoria commence par une rencontre fulgurante, dans le plus prosaïque des centres commerciaux, et par une chasse menée par l'homme. David Kolski, directeur des travaux de la future plus haute tour de La Défense, a croisé le regard de Victoria de Winter, écho ténu d'une héroïne adultérine et d'un huis clos maléfique, la Rebecca de Winter de Daphné du Maurier. Histoire éculée, toujours répétée, celle de l'infidélité naissante. Elle réunit ces deux quadragénaires pour la première fois à Londres, lors d'un dîner à l'échange assommant, qui fait craindre pour la suite. En face-à-face, une femme d'affaires assumée, de droite, libérale, jouet consentant du système capitaliste, et un bourgeois de gauche, corseté dans ses valeurs morales, viscéralement dégoûté par le déballage sans tabou de cette DRH d'un groupe international.

Enorme chantier. Le manichéisme forcé de cette scène s'estompe vite. Le Système Victoria fonctionne comme une mécanique intérieure. Le narrateur, David Kolski, vit au présent puis parle au passé, emmenant le lecteur dans son propre dédale. Victoria joue comme un miroir de son parcours, comme un aiguillon introspectif. En arrière-plan, mais martelant tout le roman, l'avancée chaotique de la tour Uranus, étage après étage. Si la réalisation de cet énorme chantier n'est pas un ferment prioritaire, il confère une texture solide, et faussement symbolique, à un texte parfois très cérébral.

Dans cette réalité extérieure, Kol