David Grossman donne souvent ses rendez-vous au restaurant Montefiore, du centre culturel de Mishkenot Sha'ananim. Dans les collines, à dix minutes en voiture du centre de Jérusalem, c'est un endroit beau et calme, on entend les cloches d'un monastère voisin et, au loin, les hurlements d'une ambulance. A 57 ans, David Grossman est un des plus célèbres et des meilleurs écrivains israéliens. Il vient de publier dans son pays Falling out of Time, une fiction multiforme qui tourne autour d'une question : comment résister à l'impitoyable «force de gravitation» qui suit la mort d'un enfant. Mais cette interview a été réalisée à l'occasion de la sortie en France d'Une femme fuyant l'annonce, le livre (précédent) qu'il était en train d'écrire quand son fils Uri a été tué pendant la deuxième guerre du Liban, en 2006 (lire la critique page 6), alors que, avec ses amis, les écrivains Amos Oz et A.B. Yehoshua, il venait d'appeler le gouvernement israélien à un cessez-le-feu. David Grossman, militant du «camp de la paix», est toujours intervenu dans le débat public. Encore aujourd'hui, il manifeste tous les vendredis aux côtés de citoyens juifs et arabes contre l'occupation de Sheikh Jarrah, un quartier de Jérusalem. Lorsque cette interview a été faite, en juillet, le mouvement des Indignés israéliens n'avait pas encore démarré, mais, comme une bonne moitié de ses concitoyens, David Grossman était scandalisé par la loi que le gouvernement, sous la pression de l
Interview
«Dans cette région, tout vous pousse à ne pas penser, à agir instinctivement»
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David Grossman, en octobre 2010. (Johannes Eisele / AFP)
publié le 20 août 2011 à 0h00
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