Dans son vaste bureau au sous-sol de sa résidence de Longmont, près de Boulder dans le Colorado, s’alignent les livres et les trophées. Depuis près de trente ans, Dan Simmons, 63 ans, accumule les récompenses. Affable bien qu’un peu intimidé de faire visiter son antre créatif, il désigne son premier prix accroché sous verre avec une pointe d’émotion. C’est celui qui a sans doute influé sur le cours de sa carrière, le Rod Sterling Memorial Award.
L'écrivain reconnaît s'être replongé la veille dans Drood, sorti aux Etats-Unis deux ans plus tôt, pour se rafraîchir la mémoire. Entre-temps, il a écrit deux autres romans : Black Hills, pour lequel il exprime une vraie tendresse, saga d'un jeune Sioux qui, après avoir touché le général Custer à la bataille de Little Big Horn, se retrouve habité sa vie entière par son esprit ; et Flashback, une dystopie sur l'Amérique. Ce dernier sort aux Etats-Unis dans quelques jours et il brûle de savoir quelle sera la réception de cette anticipation qu'il compare à 1984 de George Orwell. Le pitch est plutôt provocant : dans une Amérique chaotique, la plupart des gens se droguent au «flashback» pour revivre un passé plus glorieux, dans un pays découpé en enclaves, en guerre avec le Canada et débordé par des groupes musulmans.
énigme. Massif physiquement, mais tout en retenue, Dan Simmons enchaîne un sujet après l'autre, l'esprit semble-t-il à l'affût du moindre voile à soulever. Face à son bureau