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Critique

Dan Simmons

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Le cahier Livres de Libédossier
Charles Dickens et Wilkie Collins, train fantôme
publié le 27 août 2011 à 0h00

Charles Dickens était-il devenu fou les cinq dernières années de sa vie ? Le 9 juin 1865, l'écrivain anglais survit à l'accident d'un train, à Staplehurst, dans le Kent, dans lequel dix passagers trouvent la mort. Le 9 juin 1870, pile cinq ans plus tard, il s'éteint. Cet intervalle si précis donne l'idée d'un roman à Dan Simmons, alors qu'il vient de lire la biographie de Peter Ackroyd sur Dickens parue en 1990. La fin de l'auteur de David Copperfield laisse suffisamment de blancs pour permettre à l'écrivain américain de les remplir de pleins fictionnels. Pareil avec le Mystère d'Edwin Drood, dernier roman inachevé de Dickens, crève-cœur des aficionados qui n'auront jamais le fin mot de l'histoire, Dickens n'ayant pas laissé la moindre note sur les chapitres à venir.

Entre-temps, Dan Simmons écrit Terreur, un thriller horrifique inspiré de la disparition de l'expédition polaire de Sir Franklin en 1845. L'affaire fit grand bruit en Grande-Bretagne et vit monter Dickens au créneau contre ceux qui soupçonnaient l'équipage de cannibalisme. Les contraintes historiques posées, Simmons n'a pas choisi la voie la plus simple en prenant pour narrateur Wilkie Collins, écrivain britannique et ami de Dickens. Ce personnage aigri et envieux, perclus de goutte et dopé au laudanum, endosse le challenge de l'auteur : deviner quelle mouche a piqué Dickens. Fantastique, la mouche, car nous sommes dans un Londres victorien, aux bas-fonds peu reluisants.

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