Le dernier roman traduit de David Grossman raconte l’histoire d’une femme qui est aussi une mère, mais surtout celle d’Israël. Il dit avec intelligence et émotion l’influence de la politique de l’Etat sur la bonne ou mauvaise marche de toute famille et de toute vie d’Israélien.
De quoi parle votre livre ?
C’est sur la peur de la mort, une expérience que nous connaissons tous ici. Tous les gens de ma génération ont perdu des amis dans une guerre ou une autre. Dans ma classe de lycée, trois hommes, sur trente, sont morts à la guerre. Mais ce roman parle aussi de la plénitude de la vie ici. Peut-être à cause de cette proximité de la mort, on sent dans ce pays une vitalité, une intensité des émotions et de la spiritualité, une passion pour la vie.
Cela dit, je sens à quel point la puissance négative de la peur de la mort prend le pouvoir et dicte nos décisions politiques et militaires. Cela nous rend trop durs, trop agressifs. C'est pour cela qu'il est intéressant que le livre soit écrit du point de vue d'Ora, une femme qui, avec un mari et deux grands fils, pense qu'il n'y a pas de place pour la féminité dans sa famille. Les trois hommes se moquent d'elle, surtout les garçons, qui se comportent en machos quand ils reviennent de l'armée. Elle se sent exclue et lente «comme le tonnerre après l'orage». Mais en même temps, sans elle, cette famille n'existerait pas. Elle est la famille, elle est l'endroit où ces hommes peuvent être eux-mêmes et s'épanouir. Ils le savent, ils savent qu'elle fait d'eux un