Un adolescent de bonne famille, le très charmant Thanh, disparaît dans la nature sans plus jamais donner de nouvelles. Il a vu ce qu'il n'aurait pas dû voir et en a conçu un dégoût radical. Il mettra quinze ans à s'en remettre, après avoir traversé tous les cercles de l'enfer. Le roman de Duong Thu Huong s'ouvre sur cette fugue incompréhensible, racontée par les adultes. Puis Sanctuaire du cœur distille les secrets du jeune homme.
Nous sommes en 1999. Thanh est devenu le gigolo d'une riche vieille peau. «Esclave sexuel» ou, moins élégamment, «garçon d'écurie», Thanh a été l'employé modèle de l'Orchidée pourpre, un bordel pour clientèle féminine. L'auteure exerce sa mansuétude coutumière à l'égard du petit peuple qui trime et de ces travailleurs d'un genre particulier, assez mal considérés en général : les prostitués, surtout quand ils sont mâles, et les femmes qui se payent leurs services. En contrepartie, elle est sans pitié pour les profiteurs, les lâches, les violeurs, les tricheurs.
Duong Thu Huong, née en 1947, est une icône de la lutte pour la démocratie. Entrée en dissidence, elle vit désormais à Paris. Il y a peu de chances que ce livre la réconcilie avec le pouvoir vietnamien. Sanctuaire du cœur est un roman-fleuve (le troisième chez Sabine Wespieser, après Terre des oublis et Au zénith) qui charrie mille histoires, mais la critique sociale y est un thème important. On apprend au passage que le salaire d'une instit