Lorette Nobécourt a d'abord publié un court et fulgurant texte, la Démangeaison, l'un de ces livres dont près de vingt ans après on ne s'est pas encore tout à fait remis. Depuis, elle tient la ligne. Celle d'une littérature exigeante, du genre qui ne connaît pas l'idée même de compromis. A vif toujours, dans un rapport entier et fusionnel à l'écriture, une quasi-mystique de la littérature. Au point que parfois, cela peut effrayer. Rebuter les non-croyants en la langue. Et aller même, en dépit de l'immense talent, jusqu'à donner des livres quasi ratés.
C'est loin d'être le cas de ce dernier, sans doute le plus impressionnant qu'elle ait jamais publié. Grâce leur soit rendue marque un tournant dans l'œuvre de Lorette Nobécourt. C'est le roman que ceux qui la suivent avec attention attendaient depuis de longues années. Une machine littéraire suffisamment assurée cette fois pour prendre en charge l'Histoire et la politique, même si une autre histoire, celle d'un amour fou y règne d'abord, au cœur, entre deux exilés chiliens dans le Barcelone des années 80.
Comment est né ce texte ?
En 2006, je venais de finir mon dernier roman, En nous la vie des morts, et j'avais depuis longtemps envie d'écrire sur la transmission, la façon dont elle circule sur plusieurs générations, comment nous sommes construits et/ou détruits par certains héritages. Comment on peut aussi y échapper en les affrontant, pour prendre possession de sa propre vie, conquérir sa liberté.
Qui sont les personnages ?
Je voulais un livre avec une