Deux jeunes artistes au chômage est un bref livre qui montre, à sa manière ironique et extravagante, l'impérialisme américain ou, plus particulièrement, new-yorkais. En fait, il ne faut pas dire «New York» mais «New York New York» et, dans cette ville, s'est constitué un «Quartier des écrivains» célèbre dans le monde entier. «Des études récentes tendent à montrer que ces écrivains doivent une partie de leur renommée au fait d'habiter New York New York. En vertu de quoi le fait d'habiter New York New York constituerait un atout pour qui voudrait se faire un nom dans la littérature.» Cette décision est un coup de génie immobilier. «Et les écrivains affluèrent, du verbe affluer, ce n'est rien de le dire.» Evidemment, le snobisme a tendance à dégrader les choses. Si ce sont d'abord les non-écrivains qui se retrouvent exclus du quartier, rapidement ce sont les non-romanciers (poètes et autres dramaturges). Et puis, en définitive, ce sont les écrivains eux-mêmes - car Cyrille Martinez, né en 1972, va s'ingénier à suivre rigoureusement chacune de ses pistes jusqu'à épuisement. «Installés dans le Quartier des écrivains, gars de la télé, acteurs, financiers et journalistes persistèrent dans la rédaction et la publication de livres. Ils dirent : maintenant, c'est nous les écrivains. On connaît le succès de la formule. Elle cartonna en librairie.»
Après ce premier chapitre plus impersonnel sur le «Quartier des écrivains», l