Romans
En Europe de l'Est, en 1945, une femme s'éveille sous les yeux d'un cerf. Elle a travaillé dans un camp, non pas comme bourreau, mais pour eux, très humblement : «Ce sont les indifférents, les simples spectateurs, et pas seulement les employés aux écritures, qui courent le danger d'être les premiers sacrifiés, anonymement, brutalement.» Elle fuit avec lenteur et silence vers l'Italie en guerre civile. Un prêtre l'aide, elle embarque pour Buenos Aires. En 1948, elle a un fils, qu'elle nomme Federico, «à cause de l'empereur Barberousse, dont le portrait illustrait les cahiers de l'école primaire où elle avait dessiné ses premières lettres». Plus tard, ce fils veut savoir d'où elle vient, ce qu'elle a fait. En cinq saisons, de 1945 à 2008, l'auteur de la Fiancée d'Odessa, également cinéaste, brosse avec sa délicatesse et sa précision habituelles un portrait de femme muette, saisie par cette brume de l'histoire qu'on appelle un destin, et dont l'enfant hérite de tous les secrets.
Ph.L.
Un livre d'histoire ? Une série noire ? Une œuvre romanesque ? Cette biographie romancée des huit derniers mois de la vie de Louis Barthou, alors ministre des Affaires étrangères de la IIIe république, tient des trois à la fois. De l'assaut contre le Palais-Bourbon par les ligues d'extrême droite, le 6 février 1934, jusqu'à l'assassinat du roi Alexandre Ier de Yougoslavie, qui coûtera également la vie à Barthou, le 9 octobre 1934 à Marseille, Pivion s'est att