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Libération

Les meurtres lyriques de John Burnside

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publié le 8 septembre 2011 à 0h00

Scintillation, de John Burnside, qui vient de recevoir le prix Lire-Virgin, est un roman policier poétique, ainsi qu’on a crédité Friedrich Dürrenmatt d’avoir créé le roman policier métaphysique. Au demeurant, la métaphysique et le social, thème habituel du polar, sont également très présents dans le texte, mais l’ensemble est comme transfiguré par un lyrisme réaliste qui rend secondaire pour le lecteur, autant qu’elle l’est pour les personnages, la résolution de l’énigme toute prosaïque consistant à savoir qui a fait ça. Ça, ce sont des adolescents qui disparaissent dans une topologie étrange contenant la vieille usine chimique abandonnée, les bois sauvages et les sinistres Intraville et Extraville.

Enquête.«Rien ne bouge.» Par peur, par paresse, on feint de croire que les garçons ont peut-être simplement fugué, il y aurait tellement de bonnes raisons de le faire. Quant à Morrison, le policier du lieu, il ne ressemble guère aux modèles du genre. Ce n'est pas pour traquer les assassins qu'il est entré dans le métier. «Son ambition, ç'avait été d'être agent dans une petite ville, de faire sa ronde, d'être un visage connu de tous, un individu en qui les gens pouvaient avoir confiance. […] Il voulait, en d'autres termes, faire partie de la communauté, être un homme aussi connu et fiable que l'horloge de la mairie. […] Mais pas ça. Pas un enfant pendu à un arbre comme une offrande sacrée.» Car, comme le policier, le lecteur sait très vite que crimes il