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Critique

Spinoza, coït de neuf avec l’«Ethique» ?

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Bernard Pautrat revisite le traité du philosophe et son approche de la sexualité.
publié le 8 septembre 2011 à 0h00

Papillonnages et dévergondages, séduction compulsive, amours réglés, amours déréglés, célibat, union libre, «mariage fidèle, mariage infidèle», chasteté obligée ou voulue : chacun vit comme il veut, ou peut, sa sexualité. Mais nul n’évite de se demander si le choix qu’il fait, ou la nécessité à laquelle il est soumis, sont les chiffres de la «vie bonne» qu’il souhaite. Vivrait-on sa sexualité de la façon la plus «animale», on ne se rendrait pas pour autant sourd à la «petite voix» de la conscience morale, qui me conseille de vérifier si ce que je fais est «bien» ou «mal». A l’inverse, aucune éthique cherchant la «droite règle de vie» ne peut faire l’impasse sur la sexualité, qui «n’est pas un détail» dans l’existence. Si, animé du souci moral, on s’avisait d’aller chercher quelque conseil dans les éthiques historiquement constituées - stoïcisme, épicurisme, christianisme… -, on se trouverait devant une littérature quasiment infinie. On pourrait lire Epicure, Platon, Schopenhauer, Freud, Sade, les utopistes, Campanella ou Fourier, chez qui les activités sexuelles sont réglées à la minute, Lucrèce bien sûr, qui dit «ce que sont le désir, le coït et l’amour» et «prône aux hommes la satisfaction simple et rapide avec les Vénus de carrefour», Augustin, qui eut un enfant avant d’être saint, Thomas d’Aquin qui, de l’«acte de chair», trace «le cadre où il peut et doit s’exercer» - ou mille autres.

Passions. Mais qu