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Libération

2012 : les Gracques attaquent

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publié le 10 septembre 2011 à 0h00

Ils vivent à demi cachés, penchent à gauche, ont des idées à revendre et, surtout, rêvent de reprendre les commandes de la France. 2012 est leur horizon. Regroupés dans un collectif baroque mais fécond, les Gracques mêlent des anciens des cabinets ministériels des différents gouvernements de gauche, des acteurs de la société civile, des enseignants, des intellectuels et une poignée de dirigeants d’entreprise. La défaite de 2007 - après celles de 1995 et de 2002 - les a rassemblés sur la base d’un même diagnostic : les socialistes sont sanctionnés pour leur incapacité à renouveler leur corpus idéologique, à penser le réel et à inventer de nouveaux leviers d’action face aux rapports de force nés de la mondialisation. Et ces Romains-là ont plutôt un côté Sisyphe : chaque année, ils roulent le rocher de leurs idées en haut de la colline, dans l’espoir que quelqu’un s’en saisisse enfin…

Il en va ainsi de leur dernière livraison en forme de manifeste, avec un titre qui dit autant leur lassitude que leur impatience : Ce qui ne peut plus durer. Les Gracques ne cachent pas non plus leur crainte : après cinq ans de sarkozysme, la gauche a une occasion historique de revenir au pouvoir ; mais elle serait alors confrontée à la mère des crises, de celles qui n'épargnent aucune dimension : financière, économique, sociale, générationnelle, démocratique, énergétique, éducative… Les auteurs en sont persuadés : l'échec de la gauche ferait sombrer la France dans la nuit des populismes.

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